« Terminés les vieux concepts ! Pour communiquer efficacement avec le grand public, des agriculteurs et des entreprises du monde rural adoptent un langage proactif et responsable », écrit la responsable de la communication du think tank Agridées
Le monde rural est influencé depuis une vingtaine d’années par deux phénomènes qui tendent de plus en plus à se combiner. D’un côté, l’évolution prodigieuse et la sophistication des outils de communication toujours plus accessibles et fonctionnels, et de l’autre, la mise en perspective des questions agricoles et des préoccupations alimentaires de ce XXIe siècle traversé par des angoisses climatiques et de nouvelles exigences sociétales.
Autant dire que toutes les conditions d’une révolution communicante sont en place, si l’on considère le mode de déploiement ultrarapide et quasi anarchique des nouveaux médias et réseaux sociaux qui n’en finissent plus d’apparaître et d’imposer de nouvelles formes de commensalités relationnelles. Qui de Twitch ou de Clubhouse remplacera Twitter ou Facebook ? Qui captera demain l’attention de nouvelles communautés d’auditeurs, de followers, de lecteurs, d’abonnés ? Aucun acteur historique, aucun modèle économique, aucun terminal n’est épargné.
Or l’agriculture étant devenue un sujet central, discuté partout et suscitant l’intérêt comme jamais et en tout lieu. Il devient donc évident que les années à venir produiront aussi une langue nouvelle où les rendez-vous traditionnels de la profession seront dynamisés par d’autres formes d’animations et de contenus qui gagneront en efficience et en respectabilité. Les consommateurs sont mieux informés, alertés, stimulés sur le contenu de leurs assiettes. Chacun est conscient aujourd’hui que derrière chaque produit, chaque plat, il y a un agriculteur, un terroir, une histoire, que cela concerne un pack de lait local, de la nourriture pour bébé, une gamme « bio » ou un menu burger !
Dans cette nouvelle ère connectée, les « agriculteurs augmentés » équipés en nouvelles technologies intelligentes sur leurs exploitations, de mieux en mieux rompus aux réseaux sociaux, répondent quasiment en direct aux « consommateurs éveillés », soucieux de donner un sens à leurs achats. Certains sont même passés maîtres en « communication positive » ou « communication de la preuve ». Une nouvelle posture communicante plus proactive, voire plus « réactive », quand les critiques sont ressenties comme des attaques blessantes venues d’un autre monde…
Responsabilité et traçabilité. On constate ainsi l’émergence d’un nouveau langage de l’agriculture partagé avec le grand public. Aujourd’hui, un produit agricole digne de ce nom est l’alliance d’une agriculture intelligente et connectée et d’une communication participative et engageante, la marque « C’est qui le patron ? » incarnant tout particulièrement cette tendance forte. Celle de la responsabilité affichée et de la traçabilité.
Dès lors, quelles devraient être les qualités d’un agriculteur en 2040 ? « Ne se fermer aucune porte, s’adapter et savoir communiquer ! », répond avec enthousiasme une jeune agricultrice espagnole interrogée par la Commission européenne dans le cadre de sa nouvelle étude « Farmers2040 ». Même état d’esprit de la part des deux jeunes représentants de la profession invités par le Centre d’information pour la jeunesse (CIDJ) à une table ronde le 6 février sur les métiers « de la nature et de l’agriculture », à laquelle Agridées a participé. L’un est éleveur en lait bio, hors cadre familial, l’autre vigneron, sur un domaine familial transmis de génération en génération. Se positionnant tous deux et sans complexe comme des « chefs d’entreprise » autonomes, responsables et innovants, ils confirment que la proximité et la communication sont la clé de tout. Le monde rural de demain fera ressortir l’exemplarité de l’intelligence agricole.