Il a de nouveau réveillé les artistes qui sommeillaient en chacun de ses élèves de bac pro agricole. Au lycée La Touche à Ploërmel (Morbihan), Fabrice Tanguy a fait germer un projet original avec ses étudiants : celui de réaliser des photo-peintures pour lutter contre l’agri-bashing. 

Faire des ponts entre agriculture et culture est le credo du professeur d’éducation socioculturelle, et cette fois, il a chaperonné les étudiants pour qu’ils revisitent des toiles classiques en les transposant dans leur univers agricole. Derrière l’exercice, une volonté affichée « de célébrer la beauté de la gestuelle paysanne pour mettre en lumière une profession parfois décriée. »

Apprivoiser les codes de l’art

Entre janvier et mars, à la nuit tombée, les 25 terminales sont passés devant l’objectif du photographe Xavier Courchinoux. L’épilogue de plusieurs mois de travail. « Dès la classe première, nous avons exploré les images d’art. Ils ont appris à développer un certain sens de l’observation pour construire leurs interprétations personnelles », retrace l’enseignant.

Des clés salutaires, pour réinterpréter à leur sauce cette année, des tableaux du passé. « Pendant une semaine, ils ont planché sur des œuvres du XVe au XIXe pour sélectionner celles qui leur parlaient le plus. Une initiation théâtrale leur a permis de se décomplexer corporellement, et le photographe les a initiés aux techniques d’éclairage pour sublimer leurs attitudes et postures », partage Fabrice Tanguy, en pédagogue pointilleux.

Des clichés revisités pour magnifier le monde agricole

Ne restait plus qu’à mettre ces connaissances en pratique. A l’instar de leurs camarades, Enora, Céline, Maëva et Sharleen ont habilement détourné une toile de Pissarro. Elles ont transformé l’écurie du centre équestre en studio, pour mettre en scène une photographie contemporaine qui reprend les codes du célèbre tableau, Les Rameuses de Pois.

Tableau historique de Pissarro qui a inspiré les lycéennes de Ploërmel. (©DR)

Une scène rustique qu’elles ont adapté à leur formation équine. Version agricole, elles empoignent des fourches et arborent des bottes de cheval. « On est fières du résultat » avoue Sharleen. « Cette photo sublime, sans dénaturer, le quotidien de nos métiers », renchérit Enora. « C’était une chouette expérience, une belle parenthèse artistique dans nos études qui montre une image positive de l’agriculture », résume Sharleen pour ses copines.

L’émulation est palpable. A coup sûr, les quatre jeunes femmes garderont longtemps en mémoire, cette image qui anoblit, d’un coup d’un seul, leur profession.

A noter : Sous l’impulsion d’Eureden, leur travail de création va faire l’objet d’une exposition itinérante en Morbihan et dans le Finistère, avec dix-huit panneaux grand format.