Ne confondons pas faim et famine. C’est une distinction qu’a souhaité mettre en avant Pierre Le Roy fondateur de  Globeco avec son dernier ouvrage intitulé « La Famine vaincue ? » qui vient de paraître aux Éditions La France Agricole.  A l’occasion d’une conférence-débat organisée le 25 avril 2019 par agridées en partenariat avec le Syrpa, et animée par Marie-Laure Hustache, l’auteur a  rappelé que la famine est un manque total et durable de nourriture entraînant une mortalité supplémentaire visible dans les taux de mortalité d’une population.

Jusqu’au 20e siècle la progression de l’agriculture n’a pas réussi à éradiquer la famine. Qu’elle ait une cause naturelle (sécheresse, excès de pluviométrie ou gel) ou politique (guerres, sièges, idéologie), la famine a fait des millions de morts. Mais depuis la moitié du 20e siècle la productivité de l’agriculture a fait des bons extraordinaires qui ont permis à la production agricole mondiale d’augmenter plus vite que la population mondiale. En parallèle, s’est développé un système d’aide internationale qui permet de prépositionner des stocks alimentaires dans les zones à risque mises préalablement sous surveillance. Il n’y a plus eu de grande famine naturelle depuis celle de la péninsule indienne de 1972-1973. Les autres famines (Éthiopie, Somalie) sont liées à des situations conflictuelles. Depuis l’an 2000 on peut constater que les taux de mortalité diminuent partout dans le monde, même dans les pays les plus pauvres et les plus conflictuels, sauf en Irak et en Syrie.

Le problème de la faim dans le monde n’est toutefois pas résolu. Il y a encore plus de 800 millions de personnes en état de sous-nutrition chronique, qui souffrent de la faim, dont 500 millions en zones de conflits. « Il faut pour cela que les pays riches continuent de produire, car les pays notamment d’Afrique subsaharienne n’y parviendront pas avant 50 ans. Le second défi consiste pour les gouvernants à diminuer les conflits » a souligné Pierre Le Roy.

Isabelle Delourme