Devant les adhérents du Syrpa, le député Jean-Baptiste Moreau s’est prêté au jeu des questions-réponses sur les EGA, Etats généraux de l’alimentation. Un débat sans non-dits ni langue de bois animé par Amaury Bessard de l’agence Shan. Participaient également à ces échanges les députées Nicole Le Peih, du Morbihan, Laurence Maillart-Méhaignerie, d’Ile-et-Vilaine, Yolaine de Courson, de Côte-d’Or et Monica Michel, des Bouches du Rhône.

Ce que retient Jean-Baptiste Moreau, député En Marche, rapporteur du dossier EGA et par ailleurs agriculteur creusois, c’est d’abord que les 14 ateliers ont permis de faire parler ensemble des acteurs qui ne se parlaient plus. Un regret cependant, les discussions ont abouti à des actions concrètes au niveau du marché français mais pas au niveau international. «  Il faut que les accords internationaux soient cohérents et ne pas mettre en concurrence frontale des produits de qualité et des produits qui ne le sont pas, il faut se donner les moyens de contrôler la qualité de tous les produits y compris les produits internationaux ». Sur la question de la valeur des produits, le député est revenu sur le rôle de régulation de l’Etat, mais aussi sur la nécessité d’avoir de vrais plans stratégiques de développement des groupements de producteurs. L’objectif ? Construire de réelles contractualisations producteur/transformateur/distributeur, pour aboutir à un vrai prix. Jean Baptiste Moreau a également évoqué la nécessité de construire un cadre européen et qu’il se rendrait prochainement à Bruxelles rencontrer la DG Agri et la DG Concurrence pour discuter des cadres de négociation des centrales d’achat « Il est inadmissible qu’un produit français produit en France soit négocié en dehors du pays ».

Le sujet du glyphosate et de l’évolution des modèles agricoles n’a pas échappé au débat. Pour le député le sujet du glyphosate est rapidement devenu émotionnel et tout discours scientifique reste inaudible pour la société quelque soient les arguments apportés.  «  Il ne faut pas hystériser le débat, il faut le rationaliser et se poser en s’appuyant sur la science et non sur les croyances ». Il a félicité le travail sérieux de l’ANSES pour l’évaluation des produits phytosanitaires mais l’évaluation des produits au niveau européen doit selon lui être revue : il prône la création qu’une vraie agence européenne indépendante. Les agriculteurs doivent être aussi accompagnés dans l’utilisation de solutions alternatives qui doivent être efficaces et acceptables au niveau des coûts. 

Un travail de communication vis-à-vis de l’opinion est également un enjeu important. Il faut expliquer, vulgariser auprès du consommateur qu’on a jamais eu une alimentation aussi saine et de qualité qu’aujourd’hui, et que cette qualité des produits français est reconnu mondialement. Pour Laurence Maillart-Méhaignerie, députée d’Ile et Vilaine, la clé est du côté des consommateurs. Il faut garantir au consommateur une information claire, une transparence, et une traçabilité qu’il est en droit d’exiger. Les dernières crises sanitaires chez Lactalis témoignent des erreurs de communication qui ont eu lieu. Selon la député bretonne, nous sommes à un tournant. Il faut sortir de la culture du bas prix, le consommateur  doit prendre conscience que la qualité a un prix. Mais qu’est-ce que le prix de la qualité ? Un produit frais non transformé ? Un produit à la ferme ? Un produit issu des circuits courts ? 

Conscients de l’urgence de ce dossier EGA pour les agriculteurs, les députés ont souligné que l’enjeu majeur est que les agriculteurs vivent de leur métier : un volet rentabilité des exploitations est à  d’ailleurs en cours de travail dans le projet de loi de finance. L’autre enjeu pour Jean-Baptiste Moreau et Laurence Maillart-Méhaignerie est la communication. « Il y a une bienveillance de l’opinion vis-à-vis des agriculteurs  » souligne Laurence Maillart-Méhaignerie. « Les agriculteurs doivent communiquer positivement sur leur métier, ne pas être sur la défensive mais être dans la pédagogie et l’explication de leur pratiques » complète Jean-Baptiste Moreau.