Par François Cassignol,
Vice-Président du SYRPA et directeur communication de Culture Viande.

Le documentaire « Bretagne : terre sacrifiée » diffusé récemment sur France5 dans l’émission Le monde en face animée par Marie-Claire d’Encausse, a enflammé la twittosphère agricole. L’occasion de rappeler qu’il n’y a pas de reportage, de dossier ou d’enquête qui ne soit pas … « à charge ». Cela s’appelle « angler » son sujet. Donner un angle. Si je me prénommais Christiane (Lambert, ndlr), j’enverrais tous mes adhérents en école de journalisme. A Lille, à l’école de journalisme qui fait souvent  foi ; ou bien à Paris :  soit, à l’école de journalisme dite « de droite », l’ESJ dans le 13ème ; soit, à l’école de journalisme dite « de gauche », l’IPJ, dans le 9ème. En matière journalistique, la première des leçons s’intitule “Ecrire, pour être lu ». Et puis vous déclinez, en son et image. A votre avis, qu’est-ce qui importe le plus : écrire, ou bien être lu ? … « Poser la question, c’est y répondre ». Chacun doit comprendre que ce formatage vise l’audimat. Si les médias traitent des trains qui n’arrivent pas à l’heure, c’est pour la bonne raison que c’est cela qui intéresse la nature humaine.  Une bad news est appropriée et propagée 7 fois plus vite sur twitter qu’une good news.

Alors quelle communication adopter ?

Savez-vous que le B.A.-BA de la com c’est « Parle-moi d’moi, y a qu’çà qui m’intéresse ? »… sauf que ce n’est pas « moi, l’émetteur », mais c’est de « moi, la cible » dont il s’agit ! Ainsi, si l’Agriculture, ou si chaque agriculteur souhaite être reconnu au rang « d’Acteur sociétal »,  eh bien il va falloir commencer par arrêter de parler uniquement d’agriculture, et commencer à parler de sujets dits « de société », et non plus uniquement de sujets agricoles. Mettez-vous à la place d’une personne qui ne parlerait en permanence que d’elle. Vous auriez tôt fait de vous écarter du chemin de cette caricature incarnée ! A l’inverse, une personne qui vous parle de vous, qui s’intéresse à vos préoccupations, qui cherche à résoudre vos propres problèmes… forcément vous êtes sous le charme. 

Le communicant, c’est celui qui, parce qu’il est la charnière entre « ce qui se vit » et « ce qui se dit », est là pour vous aider à redorer le blason de l’Agriculture. On ne s’improvise pas communicant. Tout au plus, on se caricature soi-même, tellement l’écart est grand entre la volonté des uns « d’expliquer not’métier », et du « pourquoi on en est fier », … et les canons de la beauté auxquels aspire la population française : en botte, chemise à carreaux et combinaison à côte à double fermeture éclair, assis sur des chaises en plastique, …quel message progressiste ou d’empathie peut passer ? Aucun. Celui d’un lobby, pris comme tel, incapable de se montrer ouvert au reste de la société … c’est-à-dire 95 % de la population française. Qui pense encore que 5 % de la population peut avoir raison contre 95 %. Bref, il y a du pain sur la planche.  

Dans cette société où le fake news fait foi, l’argumentation ne pèse plus rien. La politique de communication tient d’abord à la posture, à laquelle, bien évidemment, il importe aussi d’apporter la preuve de la charge. Le débat sociétal actuel est à la protection des journalistes (cf Loi sur la sécurité globale, art.24). Nous y souscrivons. Pour autant, nous relayons également la tribune « Pour une refondation du journalisme »  de Vinvent Giret, directeur de FranceInfo. Il est temps de prendre le taureau par les cornes et de se pencher sur cette « intégrité malveillante » qui, en montant les communautés les unes contre les autres, pense contribuer à faire avancer les débats de sociétés. Sauf qu’envenimer n’est pas comprendre. Et prendre parti n’est pas entendre. Force est de constater : la déontologie des uns ne fait pas le bonheur des autres. Et ça, c’est un vrai sujet de communication.